Réduction du temps de travail
Pendant un long moment de ma vie j'ai cru avoir raison. Avoir pris le bon chemin; celui des affaires et du business. J'ai monté des projets, crée des sociétés, acheté vendu, voyagé .... Bref, à trente cinq ans j'ai vécu comme un courant d'air. Les gens les plus proches de moi me priaient de partager juste le temps d'un café avec eux. Je courais dans tous les sens et avais toujours quelque chose à faire. Il m'arrivait de penser qu'une journée était courte et qu'elle ne me permettait pas de mettre au point mes idées. Je travaillais dix-huit heures par jour. De six heures du matin à minuit. Ma femme, après la première année de notre mariage, avait failli me prendre pour un fou, et à maintes reprises elle me menaça d'emporter ses affaires et de me quitter définitivement. « Pense qu'il y a une vie de famille » me disait-elle souvent en guise d'ouverture pour une dispute. A chaque fois je lui donnais raison, et ôtais une demi heure de mon temps de travail, jusqu'au jour ou je me retrouvais comme presque tout le monde à ne travailler que huit ou dix heures par jour. La famille se forma petit à petit. Les enfants pointèrent leurs petits nez et les voilà qui courent dans tous les sens donnant à notre demeure son lot de bruit et de tumulte nécessaires. Depuis l'arrivée des enfants j'ai encore réduit mon temps de travail afin de pouvoir rentrer avant qu'ils ne s'endorment. Huit et parfois sept heures par jour. Je commençais à apprécier le rythme et la vie de famille avec tout ce qu'elle comporte de douceurs, de délicatesse, de tendresse et de gâteaux quand la crise économique pointa son nez elle aussi. Elle exigea aussi sa part de temps. Elle commença à grignoter les heures que je pensais défendre bec et ongles .
Elle le fit avec un tel acharnement qu'elle ne me laissa qu'une petite heure « de travail » pendant la quelle je bois deux ou trois cafés, lis un journal et surfe un peu sur la vague du web.